vendredi 16 octobre 2009

La télévision hertzienne


La petite histoire de la télévision hertzienne

Bien qu’elle ne soit pas une technologie récente, la télévision hertzienne exerce encore un rôle majeur dans le domaine des communications publiques. Commençons d’abord par faire une brève présentation de cette technologie.

La diffusion hertzienne traditionnelle s’avère le moyen le plus ancien, mais également le plus courant. À la base, il s’agit du même principe que celui de la radio. Cependant, la télévision hertzienne est apparue beaucoup plus tard, car il est beaucoup plus complexe de transmettre des images que de transmettre du son. Le principe de la télévision consiste à diviser une image en lignes horizontales, et de coder l’image ligne par ligne. L’image est donc reconstituée sur un téléviseur, une ligne après l’autre, et l’effet de persistance rétinienne permet au cerveau de l’interpréter comme une image en mouvement, alors qu’en réalité il s’agit d’une suite d’images figées qui défilent au rythme de 25 images par seconde. (De Clerk, 2007) Ci-bas, un schéma représentant le principe de codage des images.


Shéma représentant le codage des images ligne par ligne. (De Clerk, 2007)

Voici donc une courte récapitulation historique de la télévision hertzienne. En 1884, l’ingénieur allemand Paul Nipkow invente un dispositif précurseur de la télévision, il s’agit d’un procédé de décomposition de l'image, ligne par ligne à l'aide d'un disque rotatif perforé qui forme une spirale centripète (disque de Nipkow). En novembre 1907, le Russe Boris Rosing conçoit un tube cathodique perfectionné qui prévoit un balayage électronique de l'image à transmettre. En 1926, John Logie Baird et Charles Jenkins font la première démonstration publique de la télévision à l’aide du système mécanique inspiré du disque perforé de Nipkow. En 1932, la BBC met sur pied une station expérimentale de télévision électronique à Londres alors que la RCA en fait de même à New York. La Deuxième Guerre mondiale vient mettre un frein au développement de la télévision, mais dès la fin des hostilités, la télévision est lancée aux États-Unis et relancée en Angleterre. Enfin, pour ce qui est de l'apparition de la télévision au Canada, elle remonte à 1952. (Willett, 1989)

Un rôle de premier plan dans le domaine
des communications publiques

La télévision fait partie de la vie des gens depuis de nombreuses années et elle est un outil de communication des plus utilisés. Les professionnels de la communication l’utilisent à profusion pour transmettre leurs messages à travers les différentes publicités télévisées. La télévision reçoit en général la plus grande proportion du budget publicitaire de la part des annonceurs. En intégrant l’écrit, l’image, le son et le mouvement, elle est le média le plus complet. Elle est considérée comme étant un média prestigieux qui permet de construire l’image d’un produit ou d’un annonceur, et ce, très rapidement. La télévision permet également d’ajouter une touche émotive aux messages publicitaires diffusés. Il s’agit du média de masse par excellence, car aucun autre média ne permet de rejoindre autant de monde en même temps. Elle est également un média de fréquence, grâce à certaines émissions ou téléromans diffusés sur les chaînes généralistes. En ce sens, les gens qui regardent ce type d’émissions sont souvent de fidèles téléspectateurs qui sont présents à toutes les semaines pour regarder chaque nouvel épisode. (Dagenais, 2008)

La télévision ne sert pas uniquement à projeter des publicités, elle est également la première source d’information quotidienne pour l’ensemble de la population. Selon l'étude réalisée par Princeton Survey Research Associates International, « le plus grand groupe de consommateurs d'informations - 46 pour cent des personnes sondées - dépend fortement de la télévision pour son information ». (Cyberpresse, 2008 : en ligne) La plupart des chaînes de télévision généralistes possèdent leur équipe journalistique qui présente leur bulletin de nouvelles à raison de deux à trois fois par jour. Sachant que les gens mènent des vies excessivement actives, ils veulent être informés rapidement et la télévision répond parfaitement à ce besoin. De plus, l’information est transmise sans aucun effort de la part du téléspectateur. Ce dernier n’a qu’à digérer l’information qui lui est transmise par les images et par le son. D’ailleurs, on pourrait qualifier la télévision de médium chaud, car il ne s’agit pas d’un média qui favorise la participation, si l’on tient compte que l’information diffusée est déjà complète.

Quant aux relations publiques, elles bénéficient amplement de la popularité de ce média de masse. Bien que les relationnistes ne soient pas assurés que les médias traiteront de leur sujet, ils apprécieront la couverture de leur évènement, de leur cause ou de leur nouvelle par un journaliste de la télévision, puisqu’elle est le média offrant la plus grande portée.

Quelques exemples historiques marquants

Plusieurs évènements historiques ont marqué l’histoire de la télévision hertzienne, en voici donc quelques exemples. Le premier a eu lieu le 2 juin 1953, alors que les gens du monde entier avaient les yeux rivés sur leur téléviseur pour regarder en direct le couronnement de la reine Élisabeth II.

Source : http://www.youtube.com/watch?v=RMINSD7MmT4&NR=1

Ensuite, le 21 juillet 1969, la transmission à la télévision des premiers pas de Neil Armstrong sur la lune a représenté un véritable défi technique, permettant la diffusion en direct de 40 000 km de distance. Cette émission a permis de rassembler plus de 600 millions de téléspectateurs à travers le monde. (De Clerk, 2007) Ci-haut, vous pouvez visionner le vidéo des premiers pas de Neil Armstrong. Ces deux évènements resteront à jamais gravés dans la mémoire des téléspectateurs de cette époque.

Une technologie d’envergure grandement critiquée

Bien que la télévision hertzienne ait marqué notre histoire et qu’elle soit une technologie des plus utilisées, il n’en demeure pas moins que les professionnels de la communication présentent certaines réticences à son égard.

D’abord, la télévision est perçue comme un moyen de communication de masse. « Il s’agit là d’une conception essentiellement idéologique et mythique issue des Etats-Unis et reprise partout dans le monde, sans que l’on ait osé la mettre en cause. En réalité, la radiodiffusion n’est qu’une communication tronquée qui sert bien les pouvoirs. » (Willett, 1989) La communication ainsi réalisée avec ce média que constitue la télévision ne correspond pas à la communication conçue comme un échange réciproque de messages et un partage de significations. La communication engendrée par la télévision est unidirectionnelle, seule une minorité possède le privilège de transmettre des données et des informations. Ces rares communicateurs détiennent donc un grand pouvoir et ils « deviennent les maîtres du témoignage de ce qui est supposé être véridique. » (Willett, 1989)

Ensuite, la télévision est sans contredit l’un des plus importants véhicules publicitaires, ce qui fait d’elle un pilier pour la société de consommation. À travers l’histoire, la publicité télévisuelle est devenue un mécanisme indispensable au fonctionnement de nos sociétés capitalistes. « À partir des années soixante, la publicité et la télévision s’imposent massivement, participant au premier chef au développement de la société de consommation ». (Willett, 1989)

Enfin, la télévision favorise la passivité et l’isolement de son récepteur. Regarder une émission de télévision ne nécessite pas une grande participation de la part du récepteur. Ce dernier peut même la regarder sans grande attention, elle sert même parfois de simple trame de fond à des tâches quotidiennes. Certaines personnes considèrent qu’il est plus facile d'allumer la télévision que d'aller vers les autres pour pratiquer des activités sociales. En restant devant leur téléviseur, ils ont moins l’impression d’être seul. De plus, on constate que la télévision sert rarement à stimuler des discussions en famille, notamment parce que le nombre de télévisions par foyer a augmenté. Chacun regarde ses émissions préférées et elles sont rarement les mêmes pour tous les membres de la famille.

Une simple piste de réflexion

En terminant, il serait intéressant de réfléchir sur la mort annoncée de la télévision hertzienne.

« CBC/Radio-Canada propose que le Conseil collabore avec Industrie Canada afin de fixer au 31 août 2011 la date d’arrêt obligatoire du service de télévision analogique au Canada. Cette date suivrait ainsi de deux ans à peine la date d’arrêt obligatoire aux États-Unis. CBC/Radio-Canada recommande également que le CRTC surveille l’évolution du dossier aux États-Unis et ailleurs dans le monde en préparation pour un arrêt obligatoire qui ferait en sorte que les Canadiens ne soient pas indûment touchés par cette initiative. »
(Radio-Canada, 2006 : en ligne)

Puisque la télévision ne sera plus offerte gratuitement, un certain nombre de gens n’auront plus accès à ce moyen de communication de masse. Même si seulement 12 pour cent des Canadiens reçoivent leur service de télévision par voie hertzienne, il est fort probable qu’un certain nombre d’entre eux n’auront pas les moyens d’utiliser une autre technologie alternative telle que le câble ou la télévision par satellite. Une fois de plus, ce sera encore les pauvres de la société qui seront pénalisés. Afin de compenser l’arrêt du service de télévision analogique, devrait-on proposer des tarifs spéciaux pour permettre l’accessibilité à ce média de masse, et ce, à toutes les classes de la société?

Sources :

Dagenais, Bernard. 2008. « La publicité : stratégie et placement média ». Québec : Les Presses de l’Université Laval, 542 p.

De Clerk, Antoine. 2007. « Les dessous d’Internet ». Paris : Ellipses Édition Marketing, 127 p.

La presse canadienne. 2008. « La télé : principale source d'information des Américains ». Cyberpresse. En ligne. 18 août. URL : http://www.cyberpresse.ca/arts/television-et-radio/200809/08/01-660884-la-tele-principale-source-dinformation-des-americains.php. Consulté le 8 octobre 2009.

Radio-Canada. 2006. « Fiche d'information de CBC/Radio-Canada Transmission hertzienne et transition à la télévision numérique/HD ». En ligne. URL : http://www.cbc.radio-canada.ca/presentations/ftc/2006/OTA-FR-Sept28.pdf. Consulté le 14 octobre 2009.

Willet, Gilles. 1989. « De la communication à la télécommunication ». Québec : Les Presses de l’Université Laval, 330 p.

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